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Message par Barda Jeu 24 Oct - 19:40



∎ Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps

[…] Considérez ensuite qu'en 1990 vous écriviez et receviez en moyenne dix lettres par journée de travail, dont le traitement vous prenait deux heures. Avec l'introduction de la nouvelle technologie, vous n'avez plus besoin que d'une heure pour votre correspondance quotidienne, si le nombre de messages envoyés et reçus demeure le même. Vous avez donc gagné une heure de « temps libre » que vous pouvez utiliser pour autre chose. Est-ce que c'est ce qui s'est passé ? Je parie que non. En fait, si le nombre de messages que vous lisez et envoyez a doublé, alors vous avez besoin de la même quantité de temps pour en finir avec votre correspondance quotidienne. Mais je soupçonne qu'aujourd'hui vous lisez et écrivez quarante, cinquante ou même soixante-dix messages par jour. Vous avez donc besoin de beaucoup plus de temps pour tout ce qui touche à la communication que vous n'en aviez besoin avant que le Web ne soit inventé.
Il se trouve que la même chose s'est produite il y a un siècle avec l'introduction de la voiture, et plus tard avec l'invention de la machine à laver : bien sûr, nous aurions gagné d'importantes ressources de temps libre si nous avions parcouru les mêmes distances qu'auparavant et lavé notre linge à la même fréquence — mais ce n'est pas le cas. Nous parcourons aujourd'hui, en conduisant ou même en avion, des centaines de kilomètres, pour le travail ou pour le plaisir, alors qu'avant nous n'aurions sans doute couvert qu'un cercle de quelques kilomètres dans toute notre vie, et nous changeons maintenant de vêtements tous les jours, alors que nous n'en changions qu'une fois par mois (ou moins) il y a un siècle

Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps,
traduit de l’allemand par Didier Renault, © Éditions La Découverte, 2010.


Utempie
Cette fable moderne constitue l’avant-propos de l’essai Accélération, de Hartmut Rosa. Il y interroge la relation au temps de l’homme moderne et les effets des progrès scientifiques et techniques sur le rythme de la vie.

Le travail lui-même avait changé. Avant, il passait la journée sur ses livres, qu’il était chargé de reproduire en tant que copiste de la ville. Quand c’était un gros ouvrage, bien souvent, il ne parvenait pas à faire une seule copie avant la tombée du jour. Désormais, il mettait tranquillement en route la photocopieuse en début de matinée, buvait une tasse de café, et copiait son original dix, vingt fois, en fonction du nombre de copies dont on avait besoin à Kairos1, ce qui ne lui prenait pas plus de vingt minutes. Après, il allait nager un peu en mer. L’après-midi, Patience ne travaillait plus du tout.
Il avait enfin le temps de s’asseoir dans son jardin, de discuter avec sa femme, de faire de la musique ou de la philosophie, de lire les livres qu’il avait reproduits, quand ils étaient intéressants. C’était magnifique de pouvoir jouir de la vie sans être pressé par le temps ou par des échéances. […]
S’il voulait avoir bien chaud chez lui quand les soirées rafraichissaient, il n’avait plus besoin d’aller ramasser du bois dans la forêt, de peiner pour l’allumer et de profiter ainsi d’un peu de chaleur. Il allumait tout simplement le chauffage, qui était relié aux éoliennes disposées en bord de mer et, en un tour de main, régnait dans le salon une température digne d’une douce après-midi d’été. Patience était heureux, et il se sentait fortuné – il avait gagné du temps, un temps quasi inépuisable, et ce qu’il y avait d’étrange, c’est qu’il n’était plus jamais gagné par ce pénible sentiment qu’est l’ennui, ce qui lui était fréquemment arrivé par le passé. Il avait enfin du temps devant lui, comme on l’avait dit auparavant. L’excédent de temps, l’incalculable richesse du temps, avait fait de lui un autre homme – et d’Utempie une autre société.

Hartmut Rosa, Accélération. Une critique sociale du temps,
traduit de l’allemand par Didier Renault, © Éditions La Découverte, 2010.

1. Terme grec signifiant le moment opportun. Dans le roman, c’est une ville d’Utempie


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