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Message par Barda Dim 27 Oct - 18:50

Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704), Sermon pour le jour de Pâques
« La vie humaine est semblable à un chemin dont l'issue est un précipice affreux. On nous en avertit dès le premier pas ; mais la loi est portée, il faut avancer toujours. Tu voudrais retourner en arrière. Marche ! Marche ! Un poids invincible, une force irrésistible nous entraîne. Il faut sans cesse avancer vers le précipice. Mille traverses, mille peines nous fatiguent et nous inquiètent dans la route. Encore si je pouvais éviter ce précipice affreux ! Non, non il faut marcher, il faut courir : telle est la rapidité des années. On se console pourtant parce que de temps en temps on rencontre des objets qui nous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent. On voudrait s'arrêter : Marche ! Marche ! Et cependant on voit tomber derrière soi tout ce qu'on avait passé ; fracas effroyable ! Inévitable ruine ! On se console, parce qu'on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu'on voit se faner entre ses mains du matin au soir et quelques fruits qu'on perd en les goûtant : enchantement ! Illusion ! Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s'effacer ; les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantes, les couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires : tout se ternit, tout s'efface. L'ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l'approche du gouffre fatal. Mais il faut aller sur le bord. Encore un pas : déjà l'horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s'égarent. Il faut marcher ; on voudrait retourner en arrière ; plus de moyen tout est tombé, tout est évanoui, tout est échappé. »


Sénèque (1er siècle) est l'auteur des Consolations dont la première est destinée à Marcia, aristocrate venant de perdre son enfant
[21,1] Vous dites : "Il a péri trop tôt, et avant l'âge !" Mais supposons qu'il ait vécu davantage ; mesurez la plus longue carrière qui soit donnée à l'homme, à quoi se réduit-elle ? Né pour un moment, il lui faut vite céder à d'autres, venus au même titre, une demeure qu'il ne peut qu'entrevoir en passant. Je parle de la vie humaine, ce torrent qui, on le sait, roule avec une incroyable célérité ; mais voyez ces villes qui comptent des siècles, et calculez combien peu ont subsisté celles qui vantent le plus leur antiquité. Tout ce qui est de l'homme est court et périssable, et n'occupe aucune place dans l'infinité des âges.
[21,2] Ce globe, avec tous ses peuples, ses villes, ses fleuves, et l'Océan pour ceinture, ne nous semble qu'un point comparé à l'univers. Eh bien ! comparée à l'éternité, notre existence est moindre qu'un point dans le temps, car l'éternité est plus vaste que cet univers, lequel, sans épuiser le temps, revient si souvent sur lui-même. Qu'importe donc d'étendre un espace dont le développement, quelque loin qu'il aille, est si près de rien ? Il n'est de longue vie que celle qui a suffi à sa tâche.
[21,3] Eussiez-vous le loisir de me citer les hommes dont la vieillesse est historique, ces hommes qui ont vécu jusqu'à cent dix années ; si vous embrassez l'éternité par la pensée, de la plus longue à la moindre carrière, la différence sera nulle quand vous comparerez le temps qu'ont vécu ces hommes avec celui qu'ils n'ont point vécu.
[21,4] Votre fils d'ailleurs n'est pas mort avant l'âge, il a vécu autant qu'il a dû vivre : il ne lui restait plus rien au-delà. L'époque de la vieillesse n'est pas la même pour tous les hommes ; que dis-je ? n'est pas la même pour tous les animaux. En quatorze ans, chez quelques-uns de ceux-ci, la vie est épuisée, et la plus longue période pour eux est pour l'homme la première. Rien de plus inégal que la mesure des destinées, et nul ne meurt trop tôt, dès qu'il n'était pas créé pour vivre plus.
[21,5] Le terme de chacun est fixé d'avance, et fixé sans retour ; il n'est soins ni faveurs qui puissent le reculer, et pour le reculer, votre fils n'eût pas voulu se tourmenter de soins et de calculs. Sa tâche est faite, et de sa course il a touché le but.
[21,6] Rejetez donc l'accablante pensée qu'il eût pu vivre davantage. La trame de ses jours n'a pas été brusquement rompue ; c'est chose où le hasard n'intervient jamais. La nature paie à chacun ce qu'elle a promis. Invariable dans sa marche, elle est fidèle à ses engagements, sans y retrancher comme sans y ajouter : nos voeux, nos affections n'y peuvent rien. Chacun aura tout ce qui, le premier jour, lui fut assigné. Dès que l'on voit la lumière, on entre dans le chemin de la mort, on se rapproche du terme fatal, et ces mêmes années dont s'enrichit la jeunesse, la vie s'en appauvrit.
[21,7] L'erreur générale, c'est de ne croire pencher vers la mort que dans la vieillesse et sur le déclin de nos jours, tandis que l'enfance d'abord, puis la jeunesse et tous les âges nous y poussent. La destinée poursuit son oeuvre : elle nous dérobe le sentiment du trépas qui, pour mieux nous surprendre, se déguise sous le nom même d'existence. La première enfance se perd dans le second âge, qui à son tour devient puberté ; arrive ensuite la jeunesse, pour disparaître elle-même sous nos cheveux blancs. Chaque degré d'accroissement est, à le bien prendre, une décadence.

Poème de Tristan Corbière (1845-1875), « Nature morte », Les Amours jaunes, 1873
Des coucous l'Angelus funèbre
A fait sursauter, à ténèbre,
Le coucou, pendule du vieux,

Et le chat-huant, sentinelle,
Dans sa carcasse à la chandelle
Qui flamboie à travers ses yeux.

- Ecoute se taire la chouette...
- Un cri de bois : C'est la brouette
De la Mort, le long du chemin...

Et, d'un vol joyeux, la corneille
Fait le tour du toit où l'on veille
Le défunt qui s'en va demain.


Ce poème intitulé « nature morte » ne décrit pas une « nature morte » au sens pictural du terme mais évoque la nature en proie à une atmosphère funèbre et fait songer aux vanités picturales par son évocation du temps qui passe et de l'approche inexorable de la mort. Le coucou évoqué ici remplace les bougies et sabliers des vanités picturales. La mention de la « brouette de la mort » renvoie à la légende bretonne de l'Ankou, ce paysan personnifiant la mort. Dans la force de l'âge, portant veste et culotte bouffante, arborant une faux, il pousse une charrette, ou une brouette, qui grince quand elle roule.





Antoine Favre, « le temps n’est qu’un instant », Entretiens spirituels, 1602
Le temps n’est qu’un instant lequel toujours se change,
Le temps n’est qu’un instant lequel dure toujours,
Il dure en se changeant sans avoir ans ni jours,
Puisque ce n’est qu’un point, mais un Prothée7 étrange.

Le passé n’est plus rien, que la Mort qui se venge,
De ne pouvoir du temps entrerompre le cours,
L’Avenir n’a point d’être, et par mille détours
Va, finet, décevant quiconque à lui se range.

Que si le temps plus long n’est autre qu’un instant,
À quoi vous sert, mortels, de vouloir vivre tant,
Sinon pour d’un instant allonger votre vie ?

Qu’entreprenez-vous donc par vos si longs apprêts ?
Nature en un instant n’a ses miracles prêts,
Dieu seul peut vous sauver d’un seul instant vous prie.


Jean-Baptiste Chassignet, Le Mespris de la vie et consolation contre la mort, 1594
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers,
Descharné, dénervé, où les os découverts,
Depoulpés, desnoués, délaissant leur jointure ;

Ici, l’une des mains tombe de pourriture,
Les yeux d’autre coté détournés à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent au vers goulus d’ordinaire pâture ;

Le ventre déchiré cornant8 de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le nez mi-rongé difforme le visage ;

Puis connaissant l’état de ta fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage.

Tristan, « les images d’un songe », Poésies galantes et héroïques, 1648
C’est fait de mes Destins, je commence à sentir
Les incommodités que la vieillesse apporte.
Déjà la pâle Mort pour me faire partir,
D’un pied sec et tremblant vient frapper à ma porte.

Ainsi que le soleil sur la fin de son cours
Paraît plutôt tomber que descendre dans l’onde,
Lors que l’homme a passé les plus beaux de ses jours,
D’une course rapide il passe en l’autre monde.


Il faut éteindre en nous tous frivoles désirs,
Il faut nous détacher des terrestres plaisirs
Où sans discrétion notre appétit nous plonge.

Sortons de ces erreurs par un sage conseil ;
Et cessant d’embrasser les images d’un songe,
Pensons à nous coucher pour le dernier sommeil.












Barda
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