Thème 2
ZE FOFO :: Thème : Quel temps pour soi? :: Séquence 2 Maître de son temps? :: Séance 2 Toujours plus vite
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Thème 2
Pourquoi la vitesse fascine-t-elle ? Si l’on se réfère aux bandes dessinées, aux séries télévisées elle donne aux héros un pouvoir « surhumain » qu’ils mettent bien souvent au service de l’humanité. Néanmoins, la vitesse n’est pas seulement l’apanage des personnages de fiction. Elle permettrait, aussi, à l’individu de dépasser ses limites, de rechercher l’exploit.
De surcroît, elle constituerait un véritable atout dans le travail, la vie quotidienne.
Aussi semble-t-elle perçue de manière positive. Est-ce aussi simple ?
• Document 1 : Roger Vailland, 325000 francs, 1955
Busard travaillait maintenant grille levée. (…)
Il détacha, trancha, sépara, jeta, guetta le voyant.
Le petit temps gagné, à ne pas lever et baisser la grille, lui fit le même effet que quand on pose un fardeau. Il était plus léger, il respirait mieux. Mais il pensait : « Je dois arrêter la presse et remettre le coupe-circuit. » Il sentait cela très vivement. Il savait tout du danger de travailler sans dispositif de sécurité. Rien qu'à y penser, il sentait dans sa main le broiement du moule qui se referme. Mais il se dit aussi : « Si je replace le coupe-circuit, je perds plus d'une minute, j'ai l'amende et je n'aurai pas fini demain à huit heures. » (…)
Il mit une extrême attention dans son travail.
Le moule restait ouvert dix secondes. La main ne restait engagée dans le moule que quatre secondes. Il accéléra le mouvement. C'était le plus, sûr. Il compta les secondes à haute voix. Il parvint à détacher les carrosses en trois secondes, puis en deux secondes et demie. Il se gagna ainsi une marge de sécurité, de sept, puis de sept secondes et demie. (…).
Il compta de nouveau les secondes. Il continuait de détacher les carrosses en deux secondes et demie, trois secondes...
Il pensait aussi que la vivacité du geste et l'extrême attention qu'il exigeait, contribueraient à l'empêcher de s'endormir. Il essaya de se maintenir au même rythme, mais sans compter les secondes, sur le mouvement acquis.
Il regarda la grande horloge : une heure dix.
Quand il regarda à nouveau l'horloge, elle marquait deux heures moins dix. Il compta à haute voix le temps que la main demeurait dans le moule : quatre secondes. Il dépassait même légèrement les quatre secondes. Il pensa : «Je vais me faire pincer les doigts. » (…)
Il regarda l'horloge : deux heures vingt-cinq. Il compta : sa main restait six secondes et demie dans le moule. Il trancha la carotte, sépara les carrosses. Il dit à voix haute : « Assez plaisanté ! »
Il jeta dans la caisse les deux carrosses symétriques. Il décida : «Je vais replacer le coupe-circuit... Sauvé ! » Le voyant rouge s'alluma. Il détacha, trancha, sépara, jeta, détacha, trancha...
L'horloge marqua deux heures quarante-deux. Il poussa un cri. L'ouvrier de la presse la plus proche se trouva tout de suite près de lui. La main était engagée jusqu'au poignet dans le moule fermé.
Busard avait la bouche grande ouverte, comme pour hurler, mais aucun bruit n'en sortait. L'ouvrier passa les mains sous ses épaules pour le soutenir. Le moule s'ouvrit. Busard s'affaissa contre la poitrine de l'ouvrier. Les autres accouraient. L'un d'eux était déjà au téléphone. Le Bressan dormait toujours. La main tout entière était broyée. Une pression de plusieurs milliers de kilos. Des brûlures jusqu'au coude : un volume de matière en fusion exactement égal à celui de la chair et des os qui emplissait le moule avait fusé par les joints.
On lui fit un garrot. L'ambulance arriva. Les autres ouvriers retournèrent à leurs presses.
Document 2 : Le trading haute fréquence
L'idée de base du trading algorithmique est venue d'un constat simple. Sur les marchés les plus volatils, il est possible, si l'on est assez rapide, d'acheter à chaque chute d'un prix et de revendre lorsqu'il remonte, parfois dans la seconde qui suit. Mais il est difficile pour un être humain d'atteindre la rapidité requise pour certaines transactions qui doivent être faites en quelques microsecondes. Il a donc fallu avoir recours à des ordinateurs et des logiciels programmés spécialement pour passer ces ordres automatiquement. (…)
Même s'ils doivent être manipulés avec précaution, les chiffres concernant le trading haute fréquence sont assez éloquents et permettent de visualiser facilement l'importance que cette méthode a prise dans le milieu boursier et financier en 2024
Pour commencer, les ordres automatiques passés grâce à un logiciel de THF représentent entre 40 et 50 % du total des ordres en Europe. Cette proportion varie localement en fonction de la législation des pays et des marchés nationaux. Les ordres de trading algorithmiques représentent en effet 50 % des transactions en Grande-Bretagne, 40 % en France, et seulement 35 % en Allemagne.
C'est loin derrière les États-Unis, où en 2024, le trading haute fréquence représente désormais plus de 80 % des transactions sur actions et actifs numériques (…)
Pour avoir un ordre d'idée précis de la vitesse à laquelle les ordres sont passés, une opération financière sur un logiciel de THF prend en moyenne 113 microsecondes. Ainsi, si l'on sait que 80 % des ordres sont passés avec cette méthode, on peut estimer que sur les 26 milliards de dollars tradés quotidiennement, 20 milliards sont des ordres automatiques dictés par des algorithmes.
https://www.lafinancepourtous.com/
• Document 3 : Le Fordisme
Dans les années 1910, Henry Ford met en place dans ses usines de Détroit un système de production fondé sur le travail à la chaîne, la standardisation de la production et des salaires élevés.
Le Fordisme perfectionne l’organisation scientifique du travail de Taylor en fixant les ouvriers à un poste de travail. Une tache d’exécution répétitive leur est assignée. Un produit standardisé est acheminé vers l’ouvrier par une chaîne mécanisée dont les dirigeants définissent la cadence.
Une telle organisation permet d’obtenir d’importants gains de productivité :
en supprimant les tâches de manutention et toutes formes de déplacement des individus ;via la mise en place d’équipes de travail qui se succèdent permettant d’accroître la durée d’utilisation des équipements ;
la standardisation de la production automobile (le célèbre modèle T de Ford) permet la réduction du coût unitaire de production via notamment un amortissement des coûts fixes sur de longues séries de véhicules.
La baisse du prix de la Ford T illustre l’ampleur des gains de productivité réalisés. Son prix passe de 950 dollars en 1909 alors que le rythme annuel de production avoisine les 20 000 exemplaires à seulement 360 dollars en 1916 lorsque la production atteint 785 000 exemplaires. Au total, 15 millions d’exemplaires sont produits sur la période 1909-1928.
En 1914 dans les usines Ford, le salaire minimum est porté à 5 dollars par jour pour huit heures de travail (five dollars a day). Ailleurs, le salaire moyen se situe entre 2 et 3 dollars pour une journée de travail de dix heures…
https://www.cairn.info/
Document 4 : Chaplin, les temps modernes
De surcroît, elle constituerait un véritable atout dans le travail, la vie quotidienne.
Aussi semble-t-elle perçue de manière positive. Est-ce aussi simple ?
• Document 1 : Roger Vailland, 325000 francs, 1955
Busard travaillait maintenant grille levée. (…)
Il détacha, trancha, sépara, jeta, guetta le voyant.
Le petit temps gagné, à ne pas lever et baisser la grille, lui fit le même effet que quand on pose un fardeau. Il était plus léger, il respirait mieux. Mais il pensait : « Je dois arrêter la presse et remettre le coupe-circuit. » Il sentait cela très vivement. Il savait tout du danger de travailler sans dispositif de sécurité. Rien qu'à y penser, il sentait dans sa main le broiement du moule qui se referme. Mais il se dit aussi : « Si je replace le coupe-circuit, je perds plus d'une minute, j'ai l'amende et je n'aurai pas fini demain à huit heures. » (…)
Il mit une extrême attention dans son travail.
Le moule restait ouvert dix secondes. La main ne restait engagée dans le moule que quatre secondes. Il accéléra le mouvement. C'était le plus, sûr. Il compta les secondes à haute voix. Il parvint à détacher les carrosses en trois secondes, puis en deux secondes et demie. Il se gagna ainsi une marge de sécurité, de sept, puis de sept secondes et demie. (…).
Il compta de nouveau les secondes. Il continuait de détacher les carrosses en deux secondes et demie, trois secondes...
Il pensait aussi que la vivacité du geste et l'extrême attention qu'il exigeait, contribueraient à l'empêcher de s'endormir. Il essaya de se maintenir au même rythme, mais sans compter les secondes, sur le mouvement acquis.
Il regarda la grande horloge : une heure dix.
Quand il regarda à nouveau l'horloge, elle marquait deux heures moins dix. Il compta à haute voix le temps que la main demeurait dans le moule : quatre secondes. Il dépassait même légèrement les quatre secondes. Il pensa : «Je vais me faire pincer les doigts. » (…)
Il regarda l'horloge : deux heures vingt-cinq. Il compta : sa main restait six secondes et demie dans le moule. Il trancha la carotte, sépara les carrosses. Il dit à voix haute : « Assez plaisanté ! »
Il jeta dans la caisse les deux carrosses symétriques. Il décida : «Je vais replacer le coupe-circuit... Sauvé ! » Le voyant rouge s'alluma. Il détacha, trancha, sépara, jeta, détacha, trancha...
L'horloge marqua deux heures quarante-deux. Il poussa un cri. L'ouvrier de la presse la plus proche se trouva tout de suite près de lui. La main était engagée jusqu'au poignet dans le moule fermé.
Busard avait la bouche grande ouverte, comme pour hurler, mais aucun bruit n'en sortait. L'ouvrier passa les mains sous ses épaules pour le soutenir. Le moule s'ouvrit. Busard s'affaissa contre la poitrine de l'ouvrier. Les autres accouraient. L'un d'eux était déjà au téléphone. Le Bressan dormait toujours. La main tout entière était broyée. Une pression de plusieurs milliers de kilos. Des brûlures jusqu'au coude : un volume de matière en fusion exactement égal à celui de la chair et des os qui emplissait le moule avait fusé par les joints.
On lui fit un garrot. L'ambulance arriva. Les autres ouvriers retournèrent à leurs presses.
Document 2 : Le trading haute fréquence
L'idée de base du trading algorithmique est venue d'un constat simple. Sur les marchés les plus volatils, il est possible, si l'on est assez rapide, d'acheter à chaque chute d'un prix et de revendre lorsqu'il remonte, parfois dans la seconde qui suit. Mais il est difficile pour un être humain d'atteindre la rapidité requise pour certaines transactions qui doivent être faites en quelques microsecondes. Il a donc fallu avoir recours à des ordinateurs et des logiciels programmés spécialement pour passer ces ordres automatiquement. (…)
Même s'ils doivent être manipulés avec précaution, les chiffres concernant le trading haute fréquence sont assez éloquents et permettent de visualiser facilement l'importance que cette méthode a prise dans le milieu boursier et financier en 2024
Pour commencer, les ordres automatiques passés grâce à un logiciel de THF représentent entre 40 et 50 % du total des ordres en Europe. Cette proportion varie localement en fonction de la législation des pays et des marchés nationaux. Les ordres de trading algorithmiques représentent en effet 50 % des transactions en Grande-Bretagne, 40 % en France, et seulement 35 % en Allemagne.
C'est loin derrière les États-Unis, où en 2024, le trading haute fréquence représente désormais plus de 80 % des transactions sur actions et actifs numériques (…)
Pour avoir un ordre d'idée précis de la vitesse à laquelle les ordres sont passés, une opération financière sur un logiciel de THF prend en moyenne 113 microsecondes. Ainsi, si l'on sait que 80 % des ordres sont passés avec cette méthode, on peut estimer que sur les 26 milliards de dollars tradés quotidiennement, 20 milliards sont des ordres automatiques dictés par des algorithmes.
https://www.lafinancepourtous.com/
• Document 3 : Le Fordisme
Dans les années 1910, Henry Ford met en place dans ses usines de Détroit un système de production fondé sur le travail à la chaîne, la standardisation de la production et des salaires élevés.
Le Fordisme perfectionne l’organisation scientifique du travail de Taylor en fixant les ouvriers à un poste de travail. Une tache d’exécution répétitive leur est assignée. Un produit standardisé est acheminé vers l’ouvrier par une chaîne mécanisée dont les dirigeants définissent la cadence.
Une telle organisation permet d’obtenir d’importants gains de productivité :
en supprimant les tâches de manutention et toutes formes de déplacement des individus ;via la mise en place d’équipes de travail qui se succèdent permettant d’accroître la durée d’utilisation des équipements ;
la standardisation de la production automobile (le célèbre modèle T de Ford) permet la réduction du coût unitaire de production via notamment un amortissement des coûts fixes sur de longues séries de véhicules.
La baisse du prix de la Ford T illustre l’ampleur des gains de productivité réalisés. Son prix passe de 950 dollars en 1909 alors que le rythme annuel de production avoisine les 20 000 exemplaires à seulement 360 dollars en 1916 lorsque la production atteint 785 000 exemplaires. Au total, 15 millions d’exemplaires sont produits sur la période 1909-1928.
En 1914 dans les usines Ford, le salaire minimum est porté à 5 dollars par jour pour huit heures de travail (five dollars a day). Ailleurs, le salaire moyen se situe entre 2 et 3 dollars pour une journée de travail de dix heures…
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